Délicieuse matinée
Mon papa, que j'embrasse fort au passage, aime à qualifier les très bons moments ou les personnes qu'il apprécie particulièrement (les femmes ;o) ) de délicieux. C'est tout à fait le qualificatif que je donne à ce vendredi matin, au sens propre comme au sens figuré. Pendant que Romane s'amusait à l'école, j'avais rendez vous avec Mimi, ma voisine japonaise, pour cuisiner un plat familial...
Déjà, rien que le trajet vers l'école fut un bonheur : même s'il faisait grand soleil, je voulais tester le bus qui nous amène de chez nous à l'école. Les arrêts sont vraiment proches de la maison et de l'école; contrairement à ce que je craignais même le matin le bus n'est pas bondé de salary (wo)men et malgré le grand détour c'est à peine en 10 minutes qu'il nous mène à destination. Voila qui va sécuriser nos trajets et m'épargner bien du stress. Romane aime bien prendre le bus et surtout appuyer sur les boutons d'arrêt. Il y avait un employé de la companie de bus, alors je lui dis de ne pas toucher aux boutons, sinon "le monsieur à la casquette va te faire les gros yeux" (comme papa le fait parfois...), ce qu'elle répète "le monsieur va te crever les yeux" (sic!)... je me suis vraiment demandée où elle avait capté cette expression là. Bref, je la laisse à l'école sans une récrimination : la greffe a définitivement pris.
Je me suis ensuite rendue chez Mimi à quelques rues de chez nous : j'ai profité du grand beau pour faire le chemin à pied et me recharger en rayons UV... Arrivée chez Mimi, je nourris Dorian, nous l'installons sur une couverture douillette dans le salon et nous le laissons profiter de la vue sur le jardin agrémentée d'oiseaux multicolores venus picorer aux mangeoires disposées par la maîtresse de maison. Sur ce, nous nous mettons en cuisine : Mimi a tout préparé, les ingrédients, un petit thé pour chacune et surtout a écrit en Français la recette sur une feuille de papier. Chacun la sienne, comme ca je note des petits compléments pour moi, et pour elle je fais des corrections ou je mets des compléments de vocabulaire. Nous allons cuisiner du Gomoku-Sushi, un plat typique de la cuisine familiale japonaise, qui est un riz parsemé de 5 ingrédients différents.
Je vais essayer de vous retranscrire la recette, d'après son papier (incomplet malheureusement) et quelques photos prise sur le fait.
Alors, il vous faudra pour 3 personnes :
- 3 tasses de riz (compter 3/4 d'eau par tasse de riz)
- Du vinaigre à Sushi, que l'on peut aussi confectionner en mélangeant du vinaigre jaune (la recette indique 150cc... je suis déjà perdue !), 3 cuillères à soupe de sucre (elle utilise de la cassonade), et une cuillère à café de sel.
- 6 champignons secs, autrement appelés Hoshi (sec) Shitake (champignon) : ce sont des champignons d'environ 2/3 cm de diamètre et assez plats, on en aura fait mariner une moitié dans de l'eau, l'autre dans 1 cuillerée à soupe de shoyu (sauce soja) agrémentée de 3 cuillerées à café de sucre, "marinades" que l'on conservera pour la suite.
- 7g de peau de Kanpyo sechée : cela s'appelle en anglais "gourd", je ne suis pas sûre qu'on dise gourde en français...Il se présente en longs rubans.
- du "konyaku" : je ne suis vraiment pas sûre de l'orthographe, mais j'ai retenu assez facilement car quand elle le disait au début je pensais qu'elle voulait mettre du cognac dans sa recette ! C'est une pâte translucide marron et parsemée de grains noirs ( photo ci dessous). Je n'ai pas compris quelle en était l'origine...
- 2/3 d'une carotte
- 150 g de Lotus (lenkon?)
- 10 tout petits haricots vers "mange tout"
- 3 oeufs
- de belles crevettes cuites et écaillées à l'avance
- des pickles d'aubergine (1 cuillerée à soupe) et/ou de navet
- et pour servir des feuilles d'algues Nori
Une fois les champignons pressés légèrement, on cuit leur marinade dans une petite casserole et on en écume le bouillon. On ajoute ensuite les champignons et on continue à cuire pour en faire une soupe.
On émince les carottes en petites allumettes (et non en rondelles comme je m'étais mise à le faire... reflexe français certainement!), ainsi que le "konuyaku" (la moitié d'un bloc).
On frotte le kanpyo dans l'eau avec une poignée de gros sel au creux de la main, et on le coupe en morceaux de 1 à 2 cm.
Tout en ayant mis les champignons de côté, on fait cuire carottes et "konyaku" dans leur soupe, puis on repète l'opération pour le kanpyo.
On émince le lotus en fines rondelles (après l'avoir épluché) et on le fait cuire dans un volume équivalent d'eau et de vinaigre de riz.
Pendant ces opérations, on fait biensûr cuire le riz : à cette occasion elle m'a montré comment le laver et m'a également montré une "marmite" spéciale à riz, que je vais essayer de me procurer. Le riz doit être un peu ferme pour cette recette, "al dente". Pour s'assurer un "démoulage" facile du riz, elle trempe la marmite dans l'eau froide pendant un petit moment.
Pour les oeufs, ils sont d'abord battus en omelette puis cuits "en crèpe" : c'est assez impressionnant ! Il sagit de recouvrir la poèle, préalablement graissée, d'une fine couche d'oeuf et de décoller la crèpe dès qu'elle est cuite. Ces crèpes sont ensuite émincées en fines lamelles.
En dernier lieu on passe rapidement à l'eau frissonnante les haricots verts qu'on aura biensûr effilés. On les émince également.
Dans un plat rond en bambou, on dispose le riz, puis les différents ingrédients que l'on aura préparé, sans oublier les pickles, ceci de façon harmonieuse. On sert cela avec une soupe claire (délicieuse, mais je n'ai rien noté ;o)
et voila ce que ca donne !
Evidemment, nous avons prolongé ce moment très agréable en dégustant le plat avec des feuilles de Nori et en conversant sur les écoles privées catholiques en France (et oui!). Pendant ce temps là Dorian a été sage comme une image...Je suis repartie avec un petit peu du plat pour Romane ce soir, et de quoi le reproduire avec du riz fraichement cuit pour Nicolas ce soir également. J'étais aux anges, et tellement impressionnée par la gentillesse de Mimi. Je me sens déjà au coeur de mon expérience japonaise, qui ne serait possible sans Nicolas...
Nous nous reverrons mercredi prochain et d'ici là il faut que je travaille un peu mon japonais...